07 octobre 2010

Hey you // Pony Pony Run Run

Dans la Trilogie New-Yorkaise, Quinn un des personnages du roman de Paul Auster decrit les premieres visions du Nouveau monde. Les premiers explorateurs de l Amerique croyaient avoir trouve le paradis, un deuxieme jardin d Eden. Ainsi, Christophe Colomb ecrivait a ce sujet : "je crois qu ici se situe le paradis terrestre ou nul ne peut entrer sans la permission de Dieu". Pour beaucoup, ce paradis etait peuple de betes sauvages, de demons a visage humain. Il fallut attendre l intervention du Pape Paul III en 1537 pour que les choses commencent a changer et pour que les indiens d Amerique soient enfin consideres comme d authentiques etres humains porteurs d ame. Le debat continua encore des siecles, mais que de chemin parcouru depuis lors pourrait-on penser ... On me demande souvent pourquoi j aime retourner presque chaque annee au meme endroit. J ai toujours beaucoup de mal a repondre a cette simple question mais, outre le fait que l on peut se rendre plusieurs fois au meme endroit sans voir a chaque fois la (les) meme(s) chose(s), que malgre ma soif inepuisable de decouvrir sans cesse de nouveaux lieux parfois, certains de ces lieux exercent un magnestisme plus fort que tout (c est le cas de Chiang Mai et aujourd hui de Nong Khai que je (re)decouvre trois ans apres y etre deja passe), une des reponses que je pourrais formuler (car il y en a beaucoup) est que moi aussi, j y ai trouve mon jardin d Eden, un grand jardin peuple d etres exquis et merveilleux car je ne peux dissocier l un des autres. J ai voyage durant deux jours avec Myriam, journaliste a la Voix du Nord, qui venait en Asie pour la seconde fois et Dahmane qui lui part rejoindre l ile de Paques dans six mois apres avoir deja pas mal bouge (Soudan, Tibet, Afghanistan, Bangladesh ... la liste est tres tres longue). Nous avons beaucoup discute pendant ces deux jours, echange nos impressions et confronte nos "experiences" et nos points de vue. Je me souviens qu a un moment donne, Dahmane a insiste sur le fait que passer les frontieres avec un billet en poche etait en soi une chose aisee et evidente mais que partir a la rencontre et a la decouverte des gens, des autres, cela prenait davantage de temps. Je partage tout a fait son opinion. Je me rends compte apres toutes ces annees que ce que je recherchais avant, tous ces beaux endroits, qui me fascinaient et me faisaient rever, ne font aujourd hui que partie du decor (un decor certes splendide et dont je ne me lasse pas, mais un simple decor) et que ce qu il reste au fil du temps qui passe, qui file, ce sont toutes ces rencontres breves et passageres, d un jour ou un peu plus, des rencontres parfois qui se limitent a un signe de tete, un bonjour mal assure dans la langue du pays que je traverse, quelques gestes ou deux ou trois mots d anglais. L autre jour, pour me rendre au bamboo train, j ai du a plusieurs reprises demander mon chemin a des gens qui ne parlaient pas un mot d anglais. J ai essaye plusieurs fois de mimer ce que je souhaitais voir et trouver. Je sais bien que mon expression gestuelle et corporelle n etait pas tres convaincante (voire franchement ridicule par moment. D ailleurs, j avais juste oublie que j avais une photo du bamboo train dans mon guide de voyage et qu il me suffisait de la montrer pour avancer un peu plus vite), mais pour seule et unique reponse, je n ai eu droit qu a des eclats de rire et un desir sincere des gens que j ai croises de m aider et de ne pas m abandonner en chemin. Il suffit de peu pour briser la glace et recevoir une avalanche de sourires. Les gens (encore plus lorsque l on voyage seul) vous ouvrent facilement les bras, tout depend de la facon dont on s y prend, et ce sont eux qui constituent le principal attrait et tresor de tous ces voyages. Nul ne peut quitter ces royaumes enigmatiques remplis de sourires sans un profond sentiment d affection et d admiration pour ces peuples et on ne peut qu etre fescine par leur mode de vie. On a beaucoup a apprendre et a retenir. Meme si les choses evoluent rapidement, la vie tourne presque toujours autour de trois pilliers essentiels : la foi, la nourriture et la famille. La famille doit s entendre ici au sens large du terme, c est-a-dire toute personne pouvant se prevaloir d un lien de sang (j ajouterai pour ma part les ami(e)s). Tous ses membres se serrent les coudes, resolvent leurs problemes ensemble, se reposent sur la sagesse de leurs anciens ... La communaute passe avant l individu, avant l individuel et ce n est pas pour autant que la notion de plaisir n existe pas, bien au contraire.

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