21 septembre 2010

A mi-chemin // Hocus Pocus OU Le contraire de tout // Les Ogres de Barback

Depuis mon arrivee au Cambodge, j etais partage entre deux sentiments, deux sentiments radicalement opposes, deux sentiments constrastes (et a nuancer) comme les images que me renvoit ce pays. Tout d abord emerveille par la beaute des paysages entre la frontiere et Phnom Penh, par les paysages eblouissants de rizieres a perte de vue, par les forets d heveas et les petits villages traverses, enthousiasme par le nombre incroyable de buffles d eau que nous avons croise et qui ont pris possession de ces lieux, seduit par le nombre tout aussi impressionnant de lotus eclos qui bordent les routes poussiereuses, par la tranquillite apparente de la capitale qui parait bien endormie en comparaison de Sai Gon, charme par la beaute renversante des cambodgiennes, j ai ensuite decouvert un visage tout a fait different de ce pays.
Je n etais arrive que depuis quelques heures, j ai peut-etre fait fausse route pendant un moment, je me suis certainement trompe (du moins, je l espere) mais j ai ressenti aussi un certain malaise. Un malaise qui s explique par une pauvrete qui vous "pete a la gueule". J ai loge durant deux nuits a 200 metres de l Ambassade de France et j ai du pour me rendre a mon hotel traverser un mini-bidonville a ciel ouvert, sale et puant, une odeur acre flottant en permanence dans l air, une odeur qui m a suivie jusque dans ma piaule a 5 $ la nuit. Je n avais pas revu une telle misere, une telle detresse depuis mon sejour en Inde. La vie est difficile pour le cambodgien moyen dans un des pays qui reste l un des plus pauvres d Asie. Une pauvrete ou les gamins sont nus dans la rue, ou les gens "vivent" et font leurs besoins dehors, ou les enfants survivent et aident leurs parents en vendant des fruits ou des cacahuetes sur des plateaux ...
Ce qui m a egalement saute aux yeux, ce qui m a destabilise le plus, c est cette extreme et insondable tristesse qui se lit sur certains visages, y compris sur celui des plus petits. Aux Philippines, tous les visages sont barres par un sourire lumineux qui vous rechauffe immediatement le coeur. Ici, les visages sont fermes, la marque d une absolue tristesse (encore une fois, c est ce que j ai ressenti durant ces premieres heures, mais peut-etre s agit-il de la peur ou d un profond desinteret de l autre, d une culture que je ne comprends pas et que je ne comprendrai jamais, certainement les traces et les vives blessures laissees par cette tragedie qui les a frappee ou peut-etre que ce n etait pas le bon jour. Je ne sais pas, je ne sais plus). Les "amoureux" qui dinaient en face de moi, le premier soir, avaient l air distant, ils ne se regardaient quasiment pas mais pour eux, c etait certainement parce que c etait la fin de leur histoire.
Etrangement, c est au moment ou je m y attendais le moins, en fin d apres-midi a la sortie d une visite qui m avait menee a la pagode d argent que j ai commence a voir les choses autrement ou peut-etre a voir autre chose. Peut-etre que j avais alors le coeur apaise d avoir mon billet de bus en poche pour Kompong Cham et sa campagne tranquille, peut-etre aussi parce que la tension de la journee est retombee. J ai fait deux ou trois belles nouvelles rencontres dont celle inoubliable de Mister Darit, un chauffeur de tuk-tuk qui a rate sa vocation, un petit bonhomme qui parle mieux l anglais qu un Lord erudit sortant d Oxford. J ai commence a entrevoir, a percevoir des sourires, a entendre davantage de rires, a me faire courser par des enfants voulant s amuser un instant avec moi ... Je me suis senti tout d un coup plus leger, presque emu aux larmes. C est fou comme l on peut basculer d un cote comme de l autre, passer d un sentiment a un autre. C est dingue comme on peut se perdre en chemin. C est peut-etre comme ca qu il faut decouvir ce pays, tel le Yin et le Yang, un Cambodge qui parfois enchante, parfois deconcerte.

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